Ou comment foutre en l’air une licence dès son deuxième opus.
Comme pour les Goonies, j’ai découvert le premier Terminator en VHS lors d’un jour de fête locatif (magnétoscope + film). Je devais avoir à peu près 12 ans quand un œil qui tombe dans un lavabo ainsi qu’un squelette cyborg écrasé sous une presse hydraulique ont fait mes nuits pendant une semaine. Un bon film quoi… Mais quatre ans plus tard, un ado de 14 ans censé en avoir dix va briser les jolis cauchemars que j’avais eus.
La première partie est ici.
Larmes de croco et punchlines acnéiques
Mis à part le personnage éponyme, Sarah Connor et le recyclage (intro avec boules à éclairs et mecs à poil, Hell’s Angels à la place des punks, courses motorisées, un terminator qui se fait passer pour une mère, etc.), il n’y a pas grand-chose dans Terminator 2 qui soit commun au premier film.
Dans le premier opus, nous avions l’histoire d’un soldat (Kyle Reese) déshumanisé par la guerre qui retrouvait son humanité grâce à l’amoûûûr. C’était rêche, c’était beau, c’était simple. À la place, dans Terminator 2, nous avons :
Des sentiments bon marché
- Regardez mon visage, je pleure donc je souffre.
- J’ai 10 ans et je roule en moto, je vole du pognon, je fais frapper des innocents, je méprise ceux qui ont bien voulu m’élever, mais au fond j’ai mal à mon petit cœur, vous savez. Je n’ai jamais connu mon papa, vous comprenez… mon PAPA ! OUIIIIN !
- Sacrifice du noir. Sacrifice du robot. Et ça, c’est vachement dur pour ceux qui survivent, car c’est eux qui vont se taper un PTSD sévère, pas ces lâches qui font exprès de mourir.
- Au cas où vous ne comprendriez pas bande d’endives sans âmes, Sarah va bien vous expliquer en voix off pourquoi tout cela est vraiment très très triste.
Et du cool pour ados en manque de Biactol™
- Hasta la vista. I’ll be back. No problemo. Easy money. Deep intense.
- Des moto-cross ! Des jeux vidéo ! Des robots-jouets ! Des give me five ! De la violence presque gore ! Des guns ! Des milliers de guns ! Wouhou !
- Un des bad guy les plus iconiques transformé en nounou rigolote. Ha ! Ha ! Haaaaa !
- On a le droit de tabasser des innocents, de leur exploser littéralement les genoux et de leur briser la colonne vertébrale. Yeaaaah ! Mais attention, ils doivent rester reste en vie, hein, sinon c’est pas bien. De toute façon, pour les tueries, on a le T-1000, ce qui prouve bien que c’est lui le méchant. Youpiiiii !
Je comprends qu’un réalisateur ayant le budget le plus important de l’époque alloué à un film se sente obligé de faire bigger, stronger and louder, mais de là à trahir sa propre création… En même temps, quand un film passe de un à trois terminators (T-800, T-1000 et Sarah Connor) dont la nuance de jeu varie entre la paralysie faciale et le JE SUIS PAS CONTENT(E), cela ne laisse pas beaucoup de place à la subtilité.
James Cameron a infantilisé sa propre création. Il est passé d’un premier opus abrupte, sombre et sans concession à un second opus où presque tous éléments graves sont forcés ou désamorcés par une blague foireuse. L’économie de moyen du premier film avait obligé Cameron à se concentrer sur la narration et non, comme tous ses films depuis (sauf peut-être Abyss et, à la rigueur, Aliens), sur l’effet.
Suite et fin la semaine prochaine.
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