Et si 3 millions d’abonnés suivaient une chaîne YouTube plus à gauche que votre grand-père coco ? Et si elle était américaine ? Et si elle s’appelait The Young Turks ?
L.A, Californie. U.S.A. Il est 18 h et Cenk Uygur s’apprête à animer une émission de deux heures diffusée en direct comme il le fait depuis 11 ans. Au programme : politique et société. Pas de guests people, pas d’humoristes pourris, pas (trop) de petites blagues, juste un gars et sa bande de journalistes énervés. Bienvenue chez The Young Turks.
Mais reprenons depuis la deuxième moitié (la première est ici).
L’indépendance est la force de la toile
Pour construire sa radio, Cenk Uygur emmène avec lui toute une équipe de bras cassé qui fait halluciner Ben Mankiewicz. Mais à force d’acharnement et d’une foi que seuls le militantisme ou la religion peuvent apporter (choisis ton camp), la première version de The Young Turks fonctionne. Bavarde, vivante, énervée, cette nouvelle radio indépendante se fraie lentement un chemin au milieu des très nombreuses autres radios progressistes. Mais ce n’est pas suffisant pour Cenk, d’autant plus que ses potes ont la dalle et que la foi militante c’est sympa, mais ça les fait pas bouffer des masses. Et là, un miracle apparait : YouTube.
En 2006, The Young Turks déménage sur le Net pour se rapprocher du rêve de Cenk : avoir son émission télé. Bon, ce ne sera pas vraiment la télévision, mais qu’importe, tant qu’il peut, lui et son équipe, s’exprimer devant une caméra en toute indépendance. Et ça marche. En l’espace de quatre ans, The Young Turks atteint 13 millions de viewers par mois, peut enfin payer correctement ses collaborateurs et même embaucher. Ce succès est aussi à mettre au crédit de celle qui deviendra l’autre vedette de TYT : Ana Kasparian. Arrivée au début de la chaîne, elle est le pendant au moins aussi virulent de Cenk Uygur.
L’émission d’info la plus regardée au monde
Aujourd’hui, The Young Turks, c’est plus de 3 millions d’abonnés, plus de 3 milliards de vues et une moyenne de plus d’un million de dollars par an de revenus YouTube (source socialblade). C’est aussi un site avec du contenu payant et un network étendu à plus de 20 chaînes/émissions maisons ou coproduites. Cenk Uygur, l’ancien républicain musulman, peut être fier de lui, il a créé un des médias indépendants le plus populaire du web anglophone et qui se trouve être, en plus, ultra-progressiste et militant. Bon, après, l’omniprésence du bonhomme peut être gênante (Méluche style) et un peu plus de diversité (femmes et/ou racisé-e-s) sur sa chaîne principale serait la bienvenue, mais ce n’est déjà pas si mal !
Car en France, on ne peut pas dire qu’on ait d’équivalent. Des débats d’idées en radio ou en télé autour de sujets d’actu on en a des tonnes, mais les idéologies représentées vont essentiellement du PS au FN, soit uniquement la droite. Et sur la toile française ? Rien, que dalle, nada. Pourtant il y a de plus en plus de prises de position réellement progressistes et populaires (Usul, Mathieu Sommet, Nota Benne, etc.), mais tellement disparates que je me demande s’il n’y a pas une réelle peur d’affirmer ses idées de gauche autrement que dans son coin. C’est con, l’autre camp n’hésite pas à s’organiser médiatiquement, lui…
Et pour finir une des vidéos les plus emblématiques de The Young Turks (sous-titres anglais et espagnols) :
Je tiens à préciser que j’ai puisé l’essentiel de mes infos sur la naissance de TYT dans le documentaire Mad As Hell.
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