Tous aux urnes !

Et maintenant ?

Je repars comme un affamé. J’ai tellement la dalle que j’en pleurerais. Tout tourne autour de ce petit pavé que je n’ai aucune envie de lancer. Je le regarde en chien qui a trop aboyé. Aussi déterminé qu’un caillou transformé en galet, je tente de me transformer. Pour qui je vais voter ? Pour ceux qui pensent en silence ou pour celui qui hurle à moitié ?

Il est difficile de croire un seul mot de ce qui est inscrit dans ce marbre trop usé qu’est devenu le politique. Des coups de burins, des coups de surins. Rien de bien serein. Une statuaire qui ne sera jamais exposée. Rien ne sert de sculpter. Allons boire un coup plutôt que d’en prendre. Je m’intéresse à l’oubli autant qu’au passé. Difficile de choisir sa journée.

Il faudrait que j’arrive à étancher ce manque de soif. Comme courir après une locomotive sale. C’est beau, ça avance et ça fait tchou tchou, mais son aspect n’invite pas franchement à l’amour. Du coup on laisse filer le traintrain sans respirer. Et la soif ne vient toujours pas. Pourtant j’ai encore faim. Se nourrir de quoi, du coup ? Du temps qui passe, de mon sommeil, de la nuit ?

C’est tellement risible d’être posé sur son cul comme un chat hypnotisé par un mur. L’immobilité comme seul salut. Salaud. Ne rien faire, c’est déjà trop. Pauvre chat prétexte. Il n’a rien demandé. Et il a soif, lui. Et il a faim, aussi. Nourrissons-le du sens de ma vie perdue. Peut-être que son mur a une réponse.

Tiens, quelqu’un m’a apporté à manger. Des tomates et un peu de blé. Je vais commencer à pleurer. De voir cette humidité perler, cela me donne envie de boire. Enfin. S’abreuver à la source de mon chagrin, n’est-ce pas la plus belle des fins ? Oublions mes désirs un instant et récompensons l’aidant en respirant. Au lieu de ressasser, maintenant que je suis rassasié, je peux enfin choisir pour qui voter.

Et maintenant ?

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