À moins d’une révolution en deux semaines, ma décision est déjà prise. Malgré mes aspirations insurrectionnelles depuis mon canapé, j’irai voter le 7 mai et ce ne sera ni blanc ni Marine.
Du hurlement aveugle et courageux à la demi-mesure préventive
Bien que je pense que ceux qui préfèrent crever plutôt que de voter patrie ou patron ont beaucoup de courage s’ils sont assez déterminés pour prendre le relais dans la rue, je ne crois pas que le rapport de force soit suffisant pour m’abstenir. Après, il faut bien admettre que si les rapports de force étaient en notre faveur, je ne sais même pas si je me battrais dans la rue pour autant. Je n’ai aucune aspiration à la guerre civile, par lâcheté ou pacifisme forcené.
Dans l’immédiat, je ne suis donc pas prêt à prendre le risque que les racisés, les migrants, la communauté LGBTQ+ ou tout simplement les droits des femmes s’en prennent plein la gueule. Il n’y a de toute façon que cette alternative : soit je me fous du résultat des élections et, au nom d’une certaine pureté idéologique, je n’irai pas me salir les mains en votant pour ce que je hais, soit je suis eu peu moins pur et je vais voter par peur des conséquences immédiates pour les minorités.
Je ne suis pas un héros du prolétariat
Je ne suis plus salarié depuis trop longtemps et je ne fais partie d’aucun groupe au sein duquel je me sentirais plus fort. Du coup, même si je comprends et partage les arguments politiques de ceux qui veulent s’abstenir, à savoir que les deux gagnants du premier tour ne vont faire qu’aggraver la situation de tous les travailleurs à faibles revenus, je ne suis pas assez viscéralement concerné pour occulter la grille de lecture dite « sociétale ».
Je me souviendrais toujours de l’entre-deux tours 2002, j’avais 26 ans et évoluais dans un milieu professionnel anticapitaliste. Il était hors de question pour moi de voter Chirac, plutôt le décès. Il y avait aussi et surtout ce petit aiguillon malsain qui me poussait à me dire que si le facho passe, les gens seront bien obligés d’enfin se bouger le cul. Puis mes camarades m’ont gentiment expliqué que ce n’est pas moi qui allais le plus morfler en cas de passage du FN et que la politique du pire n’était pas la meilleure, loin de là. Même Besancenot et Krivine étaient plutôt enclins à faire ce putain de barrage au FN. 15 ans plus tard, rebelote. Mais j’hésite beaucoup moins.
Si vous êtes prêts à vous battre tous les jours dans la rue jusqu’à ce que le capitalisme s’effondre enfin, abstenez-vous ! Sinon, ne faites pas chier et allez voter contre le FN.
Quelle plume ! Et il y en a toujours pour dire que l’art est mort
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Merci monsieur le poésitateur !
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