C’est marrant, mais je n’arrête pas de penser à Trump. Je n’ai pourtant rien à voir avec cet abruti inculte mis à part le fait qu’il a réussi lui aussi à devenir président sans avoir été élu nulle part auparavant. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être que je flippe de réaliser moi aussi que c’était le challenge plus que la fonction qui m’attirait ? En plus, lui au moins, il a presque eu trois mois pour nommer son gouvernement. Moi, en une semaine, j’ai juste le temps de préparer les meubles…
Surtout qu’il va falloir que je fasse un sacré tri dans toutes les promesses que j’ai faites. Bon, il y en a déjà une avec laquelle je vais gentiment me torcher, c’est cette histoire d’égalité homme-femme. C’était bien pour rafler le vote des féministes qui ne succombaient pas à mon charme, mais un ministère, faut pas déconner, un secrétariat (normal !) sera bien suffisant et j’y collerai celle qui avait écrit une BD sur les grosses. Et puis je placerai des bonnes femmes dans les petits ministères, ça créera l’illusion.
Sinon je ferai tout comme j’ai dit : être de gauche (c’est-à-dire soutenir les homos et dire non au racisme si j’ai bien tout compris) et mener une politique économique de droite. Le PS et le centre me mangent déjà dans la main, il ne manque que Les Républicains, mais comme ils savent déjà que je vais prendre un des leurs comme Premier ministre… Si on ne déchire pas aux législatives avec ça, je retourne finir mon mémoire de philo. Ah ! Ah ! je me fais rire !
Mais ça me fait quand même peur. Vu comment ceux d’avant se sont grillés en faisant exactement ce que je vais continuer de faire, il faudra que je sois particulièrement malin pour assurer mes arrières. Il faudra vraiment que j’arrive à mieux faire croire aux moutons que le positif c’est moi et que le négatif c’est les autres. Ce ne devrait pas être si dur, c’est exactement le rôle d’un manager : faire croire aux esclaves que le fouet est leur ami. C’est grâce à ça que j’ai réussi jusque là, aucune raison que ça s’arrête.
Et il va aussi falloir que je fasse oublier les électeurs qui m’ont amené sur le trône pour ne pas avoir les fachos à la place. Mais bon, les principaux médias s’en occupent déjà en s’extasiant sur les conséquences (66,10 % bordel !) sans trop s’appesantir sur les causes. Il ne faudra surtout pas que j’oublie de leur donner un sucre, d’ailleurs. Et puis j’adore jouer à la baballe avec eux. Même Médiapart remue la queue quand je lui fait coucou… Non, je suis sûr que tout va bien se passer pour toi, tu es un battant Emmanuel !
Bon alors comment je les monte ces marches ? En prenant mon temps, pour bien montrer l’importance de chacun de mes pas ? Non, ça m’emmerde, je ne vais pas faire comme tous ces cons qui m’ont précédé. Je crois que je vais y aller quatre à quatre pour bien leur montrer comment je suis jeune, moi. Surtout qu’après avoir mis trois plombes à raccompagner l’autre flan à sa voiture, un peu d’énergie ça prouvera efficacement qu’on entre dans une nouvelle ère. Allons enfants !