Un film de facho qui n’a même pas l’excuse d’être un bon film de genre. Pire que 300 qui, lui, avait au moins des acteurs crédibles et de bonnes chorégraphies. C’est dire…
Ayant commencé à lire Mad Movies vers mes sept ans, j’ai très vite compris que Conan le Barbare était censé être un chef-d’œuvre du genre. Je l’ai vu pour la première vers douze ans et j’ai trouvé ce film moins bien que Dar l’invincible qui avait au moins le bon goût d’aimer les furets…
J’ai eu le malheur de le revoir une fois adulte et je me suis dit non seulement que ce n’était franchement pas génial, mais que ça avait comme une odeur. J’en parlais alors autour de moi, mais même mes potes les plus scrupuleux trouvaient que, malgré ses défauts, ce film avait du charme. Épique ! La musique ! Les images ! Les décors ! La violence ! Puis je l’ai revu pour écrire cet article et j’ai enfin pu en déterminer l’odeur, c’était celle de l’illusion faisandée.
L’illusion de l’adaptation
Je ne suis évidemment pas le premier à le dire, mais à part l’antisémitisme, ce film contient toute la panoplie du bon petit facho : culte du corps (blanc, bien sûr), culte de la violence et de la guerre, culte d’un dieu païen, racisme, sexisme, homophobie, j’en passe et des meilleures.
Mais c’est d’autant plus énervant que, mis à part le racisme, rien de tout cela n’est réellement présent en termes d’idéologie dans l’œuvre de Robert E.Howard (le créateur de Conan et auteur, dans les années trente, d’une tripotée de pulps à succès). Par exemple, là où Howard transcendait sa propre insécurité physique en créant un barbare surpuissant entouré de femmes fortes et indépendantes, Milius fait de ce barbare un exemple très sérieux de l’idéal masculin où la femme se fait tuer quand elle ose démontrer un peu trop sa force. Exemple :
La seule scène de réelle bravoure du film est celle où Valéria s’occupe seule d’une demi-douzaine de gars faisant deux fois son poids. Elle les trucide sans problèmes dans une des rares bonnes chorégraphies du film, rejoint le « héros » et son sbire qui se barraient en courant et se fait buter gratuitement par le méchant. Pourquoi ce dernier n’a-t-il pas visé son principal ennemi ? On ne saura jamais… Il a dû se dire que c’était plus urgent pour l’histoire de la tuer afin qu’elle revienne en Valkyrie sauver une énième fois le cul du surhomme vers la fin du film…
D’autre part, si l’aspect raciste du début de l’œuvre d’Howard était commun à son époque, il s’en est détaché progressivement pour revenir sur ses a priori en vieillissant. Milius, quant à lui, n’a ni l’excuse de l’époque ni celle de la jeunesse ignorante (37 ans quand il réalise Conan) pour véhiculer ses idées suprématistes.
En gros, Milius a pris le scénario sous acides d’Oliver Stone (lui-même vaguement tiré des adaptations BD d’un roman de gare qui était à l’origine juste un peu plus violent que la moyenne) pour y mettre ses fantasmes et en faire un pamphlet politique en l’honneur de l’ère Reagan. Il ouvre d’ailleurs son film avec la phrase préférée de tout bon aryen qui n’a rien compris à Nietzsche : « ce qui ne te tue pas te rend plus fort ». Tout un programme. Cela me fait penser à L. Ron Hubbard (l’inventeur de la Scientologie) qui s’est servi a posteriori de ses propres récits de SF à deux balles pour justifier la dianétique…
Et parce que la connerie, c’est passionnant, je vous donne rendez-vous mercredi prochain pour la deuxième partie où j’aborderai par l’image l’illusion cinématographique.
Ah putain tu m’avais prévenu par Crom que tu allais envoyer du lourd. Je n’ai pas trop le temps en ce moment mais va falloir que prochainement je sorte mon glaive cinéphilique afin de défendre le sieur Conan surtout que une nouvelle fois tu a bien affuté ta lame et que je dois bien le reconnaître en temps qu’ado adepte d’iconicité le filtre féministe n’était pas de mise pour juger la bête. Par contre je réfute déja le fait que cela soit un film très apprécié. C’est un film apprécié par une niche d’amateur car à sa sortie on entendait du »Conard le barbant » à tout va et la critique dite sérieuse lui a copieusement crachée dessus. Deuxièmement tu en fait un film raciste, suprémaciste, machiste, tu a oublié violent envers les animaux (Conan bourré pète la gueule d’un chameau), ce qui oriente ta critique vers grille analytique basé sur l’éthique. Ce qui est bien sur important mais cela n’évacue pas la question du langage cinématographique pur. Les salauds peuvent être de grands réalisateurs (Griffith, Leni Refenstahl, etc.). Et là dessus tu nous parle de chorégraphies mais faudrait rentrer un peu plus dans le lard cinématographique car pour moi Milius sait filmer VS la scène de l’attaque du village natal de Conan. Donc Conan un film de faff réalisé par un tacheron, un film de faff bien réalisé ou autre chose? Croisons le fer dans un prochain épisode.
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C’est justement tout le propos de ma deuxième partie qui sortira mercredi prochain, alors si tu pouvais arrêté de spoiler STP 😜 Et quant à l’argument de « la niche », c’est complètement faux. Il a très bien marché à sa sortie (deux semaines à la première place au box office U.S à sa sortie) malgré quelques critiques négatives (il y en a eu aussi de très bonnes venant de gens très respecté du milieu du genre Roger Ebert), d’où un Conan 2 sorti deux ans plus tard. De plus, si une partie de ce que tu dis a été vrai pendant deux mois en 1982, depuis, on peut considérer qu’il fait largement consensus. Je te renvoie aux scores qu’il fait maintenant : https://www.rottentomatoes.com/m/conan_the_barbarian/ Et sinon, je t’aime très fort 😘
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PS : J’aime bien les furets aussi.
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