Caché derrière le rideau du théâtre avant d’entrer en scène pour son show, Valentin accomplit son rituel à voix basse en serrant un saut contre sa poitrine.
– Tous des cons. Tous des cons. Tous des cons. Ras de terre. Homme égal Mars. Femme égale Vénus. Blague raciste pour être antisystème et trash. Blague sexiste qui prouve qu’on peut encore rire de tout. Connivence. Complicité. Sens du poil. Donner ce que les gens veulent manger. Subversion de comptoir. Assassiner les minorités en égratignant les puissants. Dire à voix haute ce qu’ils pensent de plus bas. Rire du public, pas avec. Généralités prises pour des évidences reconnues. La politique c’est nul. Les médias, c’est nul. Les vieux, c’est nul. Les jeunes, c’est nul. Frapper là où ça ne fait pas trop mal. Frapper plus fort dans le sens des idées reçues. Ne jamais se montrer, ne faire que projeter. Ne surtout pas servir de miroir. Caresser. Susurrer. Lécher…
Il vomit dans le saut. Un assistant s’approche, inquiet.
– Tout va bien Valentin ?
– Oui, c’est bon, c’est sorti. Je vais pouvoir y aller…
Le rideau s’ouvre. Valentin entre sur scène, son seau à la main. Il le pose bien en évidence sur le devant du plateau et retourne au centre, les bras levés.
– Bonsoir !