Short Nouvelle #22 – « Malheureusement »

Kuremaa_mõisa_tuuleveski

Je ne vais jamais la trouver cette histoire… Ça fait des années que je cherche et je n’en vois pas le bout. Un début d’intrigue par ci, un personnage marqué par la vie-si-dure par là. Rien de bien concret. Pourtant je sais qu’elle existe quelque part. Je le sais parce que je l’ai lue. Parce que je l’ai vue. Parce que je l’ai entendue. Mais je suis juste incapable de m’en rappeler. Je sais juste que cela commençait par un mot : « Malheureusement ». J’ai essayé plusieurs fois de l’écrire, rien n’y fait.

« Malheureusement, Bernard ne put assister aux funérailles de son ami. Il resta chez lui des heures à regarder le plafond en attendant qu’il s’écroule. Toutes les lézardes menaçantes le clouaient dans son lit. Le moindre de ses mouvements était une menace à l’équilibre précaire de la structure métallique qui soutenait le plâtre au-dessus de sa tête. Pendant que son ami mort était en train de se faire ensevelir, Bernard risquait de subir le même sort dans son lit à tout moment. »

« Malheureusement, cette cuillère ne pourra jamais contenir assez de confiture. Si j’avais eu une cuillère plus grande, cette crêpe aurait pu parfaitement être recouverte d’ici à là en une seule fois. Mais non. Une fois de plus le sort s’acharne contre moi. De toute façon, depuis que le virus a atteint les voisins, rien ne va plus. Je sais bien que je suis immunisé, et que je n’ai pas le droit de me plaindre, mais franchement, une cuillère plus grande, c’est trop demander ? Je ne crois pas… »

« Malheureusement, Bernadette savait qu’elle n’arriverait jamais à franchir la ligne. Les six mois d’entraînement n’auront pas suffi. Pourtant l’arrivée était juste là, à deux cents mètres, mais ses muscles ne tenaient plus. Son souffle était un sifflement asthmatique qui lui déchirait la gorge. Son sang lui faisait bouillir le cerveau. La chute était inévitable. Elle regardait les autres la dépasser sans trop de difficultés. Elle pensait avoir échoué une fois de plus jusqu’à ce que Myriam la relève. »

« Malheureusement, ils ne vécurent pas heureux et n’eurent aucun enfant. Il continua à faire son prince et se comporta en jeune con parvenu. Elle poursuivit sa quête de la perfection domestique et ne fut jamais satisfaite. Il mourut d’une mauvaise syphilis avant d’accéder au trône. Elle entra dans les ordres et tomba amoureuse d’une sœur défroquée. Elles vécurent heureuses jusqu’à la fin de leur vie et adoptèrent plein d’enfants dans leur orphelinat. »

Voilà. Tous ces bouts d’histoires ne me conviennent pas. Ils ne sont pas l’histoire que je cherche. Quelle frustration ! Ça paraissait pourtant si simple au début : « Il ne suffit que d’un mot et tout peut arriver ! » Tu parles. Les oracles littéraires m’avaient pourtant prévenu, il m’avait dit que c’était impossible d’arriver à transformer ce qui n’était pas créé. Oh et puis je m’en fous, je les emmerde. Je sais ce que je vais faire, je vais essayer un autre mot. « Heureusement », peut-être.

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